
Le protocole du train ©, conçu par Vanessa Grandjean, aide les thérapeutes EMDR à mieux évaluer la situation actuelle des patients et à répondre à leurs besoins et difficultés spécifiques. En fonction du « wagon » dans lequel se trouve la personne concernée, la thérapie EMDR est adaptée en conséquence.
« L’EMDR peut soulager non seulement les souffrances psychiques, mais aussi les douleurs physiques, ce qui en fait une méthode particulièrement pertinente pour les patients atteints de cancer, souvent confrontés aux deux. Il est cependant essentiel que la thérapie EMDR soit ajustée à l’état actuel de la personne, afin d’éviter toute surcharge émotionnelle. »
Vanessa Grandjean
Cancer métastatique - un défi clinique
Les progrès de la recherche sur le cancer ont débouché sur une pléthore de thérapies systématiques et ciblées qui ont considérablement augmenté les taux de rémission de nombreux types de cancer. Cependant, il est estimé qu’en ciblant la capacité de prolifération des cellules cancéreuses, les traitements anticancéreux peuvent sélectionner par inadvertance les cellules qui présentent des caractéristiques les rendant plus aptes à s’échapper de la masse tumorale principale et à former des métastases. Malgré des progrès significatifs, les mécanismes cellulaires qui conduisent à la propagation métastatique ne sont toujours pas complètement définis.

Plusieurs études ont déjà montré que l’EMDR peut aider les personnes atteintes de cancer à mieux faire face à la maladie et à ses conséquences. Désormais, le Luxembourg lance sa toute première étude sur ce sujet. Vanessa Grandjean, psychologue au CHL et spécialiste en psycho-oncologie, mène cette recherche en collaboration avec une chercheuse de l’hôpital CHU Brugmann à Bruxelles. Ensemble, elles étudient les effets de l’EMDR sur des patientes atteintes d’un cancer du sein non métastatique et en cours de chimiothérapie.
Au total, 50 patientes participent à l’étude – 25 au Luxembourg et 25 en Belgique – financée conjointement par la Fondation Cancer luxembourgeoise et la Fondation belge contre le cancer. Il s’agit d’une première au Luxembourg : jamais une étude n’avait encore été consacrée à cette méthode thérapeutique. Grandjean précise que l’EMDR n’est disponible au Luxembourg que depuis moins de dix ans, et reste encore peu connu du grand public. Les participantes sont réparties en deux groupes : l’un bénéficie de séances d’EMDR pendant la chimiothérapie, l’autre suit une thérapie par la parole plus classique. Des questionnaires permettent d’évaluer l’état psychologique des patientes, d’abord pendant le traitement, puis à trois et six mois après la chimiothérapie. L’objectif est de mesurer l’efficacité de l’EMDR ainsi que ses effets à long terme. Les résultats de l’étude sont attendus pour 2026.
D’après Grandjean, l’EMDR peut être un outil précieux pour prévenir les souffrances psychologiques et physiques qui peuvent survenir après un cancer. « Les répercussions de la maladie n’apparaissent pas toujours immédiatement. Le cerveau a besoin de temps pour digérer le choc et le stress émotionnel », explique-t-elle. « Normalement, après un événement stressant, on bénéficie d’une phase de repos pour se recentrer. Mais dans le cas du cancer, cette pause n’existe pas – Le stress s’accumule car les personnes vivent différentes situations de stress sur une longue période, ce qui finit par en augmenter l’intensité. »
L’EMDR pourrait aider le cerveau à mieux évacuer cet excès de stress et à rééquilibrer les émotions.
La Fondation soutient ce projet de recherche avec un financement de
43 865 €.
Photo (de g. à d. ) : Dr Guy Berchem, Vanessa Grandjean, Dr Carole Bauer, Stéphanie Obertin (Ministre de la Digitalisation, de la Recherche et de l'Enseignement supérieur

A la découverte de composés qui aident le cancer à survivre
« La sérine est un acide aminé incroyablement polyvalent qui peut remplir une fonction différente selon les besoins », explique le Dr Elisabeth Letellier, co-investigatrice principale de 1cFlex et cheffe de groupe du Department of Life Sciences and Medicine de l’Université du Luxembourg.
« Lorsqu’une cellule a besoin de se multiplier souvent et rapidement, elle peut utiliser la sérine comme un élément constitutif pour créer plus de cellules ; à l’inverse, si les nutriments sont rares, une cellule peut transformer la sérine en nourriture cellulaire ; ou encore, s’il y a un déséquilibre dans la façon dont l’oxygène est métabolisé, la sérine peut être utilisée pour rétablir l’ordre. »
Des recherches effectuées précédemment par le Department of Cancer Research du LIH ont révélé que le métabolisme de la sérine joue un rôle important dans la croissance et la progression du cancer du sein, notamment dans le contexte des métastases. En effet, la plasticité du métabolisme des sérines offre aux cellules cancéreuses en fuite une voie de survie et de colonisation, même dans des conditions austères.
Selon le Dr Johannes Meiser, co-investigateur principal du projet 1cFlex et chef du groupe Cancer Metabolism du Luxembourg Institute of Health (LIH), le catabolisme de la sérine a des implications importantes pour favoriser l’échappement des cellules tumorales et la formation de métastases, et pourrait en fait représenter le « talon d’Achille » de la résistance à la chimiothérapie liée aux métastases.
Pour répondre à ces besoins spécifiques, Grandjean a développé un protocole EMDR sur mesure : le protocole du train ©. « Imaginez que chaque phase de la maladie – diagnostic, traitement, suivi – représente un wagon. L’ensemble de ces wagons forme le train. Il s’agit alors d’adapter la thérapie à chaque wagon, en fonction des besoins particuliers de la personne et de son état physique et psychologique. »
La psychologue précise également que l’EMDR doit être abordé différemment pour les patients atteints de cancer, car l’expérience traumatique et la charge mentale ne relèvent pas toujours du passé, mais sont souvent encore bien présentes. « Ces personnes sont toujours en plein voyage, au cœur du train, et cela doit être pris en compte », souligne Grandjean.
Le saviez-vous ?
- Depuis 2013, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reconnaît l’EMDR comme une méthode thérapeutique efficace pour traiter les troubles de stress post-traumatique
- Dans le cadre de l’étude, la stimulation se fait par des mouvements oculaires bilatéraux ou par des tapotements alternés de chaque côté du corps

Un projet multidisciplinaire qui franchit les frontières de la recherche au bénéfice
des patients
Cibler le catabolisme mitochondrial de la sérine pourrait représenter une cible intéressante pour réduire la formation de métastases. Dans le cadre de 1cFlex, l’équipe fournira une analyse complète du rôle du catabolisme de la sérine dans la progression du cancer du sein. Le projet consolidera également la collaboration fructueuse avec le laboratoire du Dr Letellier, en tirant partie de sa grande expertise en matière d’invasion et de métastase des cellules cancéreuses, avec une compétence particulière dans les modèles de cancer.
Leurs résultats fourniront de nouveaux points d’entrée pour le développement de stratégies d’intervention plus puissantes. Un partenariat avec deux acteurs pharmaceutiques de premier plan (1CTx et Boehringer Ingelheim) est déjà en place pour développer de nouveaux inhibiteurs de sérine appropriés, l’objectif ultime étant de faire entrer ces composés en pratique clinique.
Johannes Meiser (PhD)

Johannes Meiser est l’investigateur principal du groupe Cancer Metabolism au Department of Cancer Research du Luxembourg Institute of Health. Ses projets de recherche consistent à cibler simultanément la prolifération à la demande accrue de biomasse de la cellule cancéreuse, et à comprendre les processus métaboliques qui favorisent les mécanismes clés essentiels aux métastases.
Elisabeth Letellier (PhD)
Elisabeth Letellier dirige le groupe Molecular Disease Mechanisms du Department of Life Sciences and Medicine de l’Université du Luxembourg. Ses recherches visent à comprendre comment les changements métaboliques dans les cellules cancéreuses peuvent conduire à la résistance aux traitements anticancéreux et à la progression du cancer.
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