Les proches, quant à eux, se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes, accablés de nouvelles responsabilités, et culpabilisent à l’idée d’exprimer leur propre détresse. Leur situation est d’autant plus délicate qu’ils doivent concilier deux rôles : celui d’accompagnant et celui de personne elle-même affectée. Un équilibre fragile, qui peut rapidement mener à l’épuisement si leurs propres besoins passent systématiquement au second plan – voire sont complètement mis de côté. Pourtant, dans cet état d’exception – parfois étalé sur plusieurs années – il est essentiel que les proches prennent soin d’euxelles-mêmes, qu’ilselles se ressourcent et s’accordent des moments de bien-être. C’est ce qui leur permettra d’être présents sur la durée, d’offrir un soutien solide, et de tenir face aux défis de cette nouvelle réalité.
Charge psychologique
La charge psychologique liée au diagnostic de cancer est tout aussi importante chez les proches que chez les patients eux-mêmes, voire même plus élevée. En réalité, le niveau de stress tend à atteindre son maximum environ six mois après la fin des traitements, aussi bien pour les malades que pour leurs proches, avant de s’atténuer progressivement avec le temps.
Retrouver un nouvel équilibre dans la relation
Certains couples décrivent le cancer comme un troisième élément venu s’immiscer dans leur relation. Sa présence bouleverse l’équilibre existant du couple, obligeant chacun à s’adapter pour trouver une nouvelle harmonie. Pendant les traitements – et aussi après – il peut être précieux de parler ouvertement des expériences personnelles, des besoins qui évoluent, et de l’impact que tout cela a sur la relation. Garder ses ressentis pour soi peut paralyser la communication et réduire la compréhension mutuelle. Pourtant, il arrive souvent que les deux partenaires, dans un souci de protection, évitent d’aborder certains sujets lourds – comme la peur de l’avenir. Mais il est rare que l’un ne ressente pas la détresse de l’autre. C’est pourquoi il est essentiel d’ouvrir ces conversations avec douceur, écoute et bienveillance, plutôt que de les laisser peser en silence.
Les trois niveaux de soutien
Les proches jouent un rôle essentiel de soutien, et ce à trois niveaux :
- Soutien pratique (p. ex. gérer les tâches ménagères, accompagner aux rendez-vous médicaux, assurer les soins quotidiens)
- Soutien informatif (p. ex. participer aux consultations médicales, gérer les échanges avec les assurances, rechercher des informations utiles ou participer à la prise de décisions)
- Soutien émotionnel (p. ex. réconforter, encourager, écouter et tolérer les états émotionnels parfois très difficiles).
Parmi ces formes de soutien, l’aspect émotionnel est souvent le plus difficile à offrir. D’une part, il est délicat d’aborder les questions liées aux émotions, et d’autre part, beaucoup de personnes manquent d’expérience ou d’aisance pour exprimer leurs besoins émotionnels ou ceux des autres.
Une communication en accord avec les besoins
Le dialogue est essentiel, mais les besoins en matière de communication peuvent parfois varier considérablement d’une personne à l’autre. L’un peut souhaiter se concentrer sur les solutions concrètes, tandis que l’autre ressent le besoin de parler davantage de ses émotions. Ces différences peuvent être liées à des schémas de rôles genrés. Il est donc important de prendre conscience de ces besoins individuels, de les exprimer clairement, mais aussi de les respecter mutuellement. La communication ne peut pas être forcée. Il peut être utile de demander régulièrement à l’autre ce dont il ou elle a besoin. Parfois, un câlin suffit.
L’importance des moments positifs
Face à l’impact important du diagnostic et du traitement sur le quotidien du patient et de ses proches, il peut s’avérer utile de planifier des moments agréables, tant ensemble que chacun pour soi.
Lorsque les tensions persistent malgré les efforts réalisés, il peut être utile de faire appel à un professionnel en psycho-oncologie. Des entretiens, menés dans un cadre sécurisant et bienveillant, peuvent aider à mettre des mots sur ce qui pèse.
Des relations mises à rude épreuve
Les relations familiales qui vivaient déjà des conflits avant l’apparition de la maladie sont particulièrement vulnérables face à cette épreuve. Dans certains cas, la maladie peut agir comme une véritable épreuve de force pour la relation.
- Utiliser des messages en « je » • Exprimer clairement ses souhaits et besoins
- Écouter activement et avec intérêt • Créer une atmosphère détendue pour échanger
- Être concret et tourné vers l’avenir
- Poser des questions plutôt que faire des suppositions
- Laisser l’autre s’exprimer sans l’interrompre
Le cancer comme opportunité d’un lien plus profond
Aussi éprouvante soit-elle, l’épreuve du cancer et de ses traitements peut rapprocher une famille et renforcer le sentiment d’unité et d’intimité. C’est aussi l’occasion de redéfinir la relation, d’adapter les valeurs communes aux nouveaux défis, et parfois de sortir de vieux schémas pour construire un fonctionnement plus en phase avec la réalité actuelle. Pour beaucoup, cette période marque un renouveau dans la relation.
L’autosoin et le dialogue : les clés d’une relation solide
Les proches représentent souvent la ressource extérieure la plus précieuse pour la personne atteinte de cancer. Il est donc essentiel qu’ils prennent également soin d’eux-mêmes. Comme lors d’un vol en avion, où il faut mettre son propre masque à oxygène avant d’aider son voisin, il est crucial de veiller à ses propres ressources physiques et émotionnelles pour pouvoir soutenir efficacement l’autre. Afin de prévenir une surcharge émotionnelle et physique, les proches devraient bénéficier d’un soutien de la part des équipes médicales et paramédicales. Il est fondamental d’ouvrir le dialogue sur des sujets sensibles comme les peurs, les besoins changeants, la colère ou le sentiment d’impuissance – autant pendant qu’après les traitements. Une communication ouverte, régulière et empathique contribue à maintenir le lien, et peut, dans le meilleur des cas, renforcer la complicité et la proximité.
Le cancer est une épreuve pour toute relation, mais il peut aussi offrir l’opportunité de renforcer la proximité et la complicité.
La maladie entraîne de nombreux bouleversements : sur le plan pratique, émotionnel, physique, mais aussi en ce qui concerne les projets d’avenir.
Le dialogue et l’échange peuvent consolider le lien entre proches et faciliter la gestion de la maladie. Toutefois, ils doivent toujours être adaptés aux besoins et aux rythmes de chacun.
L’autosoin est essentiel : ce n’est qu’en prenant soin de soi que l’on peut réellement être là pour l’autre.
Conseils pratiques pour les proches de personnes atteintes de cancer
Qu’est-ce qui peut m’aider en tant que proche d’un patient atteint de cancer ?
Respecter ses propres limites
Il est important d’être à l’écoute de ses besoins, de ses émotions et de reconnaître ses limites personnelles.
Prendre soin de soi
On ne peut soutenir les autres durablement que si l’on veille aussi à son propre bien-être.
Demander et accepter de l’aide
Famille et amis sont souvent prêts à aider. Il ne faut pas hésiter à accepter leur soutien et à formuler clairement ses besoins.
Organiser et simplifier le quotidien
Une bonne organisation et la simplification des tâches peuvent alléger la charge mentale et aider à mieux gérer les défis quotidiens, parfois nouveaux. Se recentrer sur l’essentiel peut être très bénéfique.
Favoriser un dialogue ouvert
Le dialogue et l’échange renforcent le lien et facilitent la gestion de la maladie.
Faire preuve d’empathie
Il est important de respecter les émotions et la manière dont l’autre vit sa situation, même si elle diffère de la sienne.
Se renseigner sur les besoins de l’autre
Ce n’est qu’en connaissant les besoins réels d’une personne qu’on peut la soutenir de manière juste. Souvent, notre point de vue est influencé par nos propres besoins, tandis que ceux de l’autre peuvent être très différents.
Exprimer ses propres besoins
L’autre ne peut répondre à nos besoins que s’il ou elle les connaît. Parler ouvertement de ce que l’on ressent est essentiel.
Partager des moments agréables
Dans les périodes difficiles, il est d’autant plus important de partager des instants de plaisir et de légèreté pour se ressourcer.
Soutien psycho-oncologique
Un soutien psychologique pour les patients et leurs proches – avant, pendant et après les traitements – peut considérablement soulager la charge émotionnelle liée au cancer et favoriser une meilleure adaptation à la maladie.
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