Le lien entre allergies et cancer est au cœur du projet GRALL, dirigé par la Dr Aurélie Poli au Luxembourg Institute of Health. Au sein du groupe de recherche en neuro-immunologie du Dr Alessandro Michelucci, la Dr Poli étudie en particulier l’influence des allergies sur le glioblastome – la tumeur cérébrale la plus agressive et la plus difficile à traiter. Le glioblastome agit de manière à inhiber le système immunitaire, ce qui rend les immunothérapies classiques peu efficaces.
Pourtant, des études épidémiologiques montrent que les personnes allergiques semblent présenter un risque plus faible de développer un glioblastome. À partir de cette observation, l’équipe de la Dr Poli a déjà pu démontrer que les réactions allergiques modifient l’activité de certaines cellules immunitaires dans le cerveau, les rendant plus aptes à reconnaître et à attaquer les cellules tumorales. Dans des études précliniques, cet effet s’est traduit par une amélioration du taux de survie.
Aurélie Poli (PhD) présente le projet de recherche dans une série de vidéos
« Cette étude jette les bases d’une meilleure compréhension de l’immunosuppression induite par le glioblastome et pourrait, à long terme, inspirer de nouvelles approches thérapeutiques fondées sur les mécanismes allergiques. »
Aurélie Poli, chercheuse principale au sein du groupe de neuro-immunologie (Département de recherche sur le cancer) au Luxembourg Institute of Health (LIH)
L’équipe cherche actuellement à comprendre les mécanismes sous-jacents. Dans des expériences combinant un modèle d’allergie et un modèle de tumeur cérébrale, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) a révélé que les tumeurs apparaissaient plus tard et se développaient plus lentement en présence d’allergies. Ces résultats suggèrent que les réactions allergiques pourraient ralentir la croissance tumorale.
L’hypothèse de travail du projet GRALL est la suivante : comme le système immunitaire est en état d’alerte permanent chez les personnes allergiques, il détecte plus rapidement les cellules cancéreuses et les combat plus efficacement. Alors que les tumeurs ont tendance à affaiblir les défenses immunitaires, les réactions allergiques, elles, déclenchent de puissants mécanismes de défense.
Les résultats obtenus jusqu’à présent suggèrent que les processus inflammatoires liés aux allergies modifient le microenvironnement immunitaire de manière à contrecarrer l’effet immunosuppresseur du glioblastome. Le cerveau possède un système immunitaire spécifique, distinct du reste de l’organisme. Cependant, les tumeurs cérébrales n’affectent pas uniquement l’immunité locale : elles envoient également des signaux à d’autres organes, comme la moelle osseuse – responsable de la production des cellules immunitaires – et en altèrent la fonction. Elles favorisent ainsi la production de cellules qui soutiennent la croissance tumorale tout en affaiblissant les défenses de l’organisme. Dans les modèles précliniques, l’équipe de recherche a toutefois observé que ces effets pouvaient être bloqués par les réactions allergiques.
La grande question reste ouverte : quel mécanisme exact est à l’origine de cet effet protecteur ? Les allergies modifient le métabolisme et la structure de certaines molécules – mais lesquelles de ces modifications sont responsables de l’effet antitumoral ? Si cette question trouve une réponse, cela pourrait mener à une toute nouvelle forme d’immunothérapie – au potentiel prometteur pour d’autres types de cancer également.
Le projet GRALL est cofinancé par la Fondation Cancer et le Luxembourg National Research Fund (FNR) à hauteur de 940 000 € pour la période 2025–2028.
Photo (de gauche à droite) : Frank Glod (LIH), Aurélie Poli (LIH), Alessandro Michelucci (LIH), Dr Carole Bauer (Fondation Cancer), Dr Andreea Monnat (FNR), Margot Heirendt (Fondation Cancer)
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